REPORTAGE – Pendant près d’un mois, une mission scientifique franco-chilienne est venue explorer les salars et les lagunes dont les couleurs chatoyantes illuminent l’Altiplano chilien à plus de 4000 mètres d’altitude. Leur quête: des micro-organismes merveilleusement adaptés aux conditions extrêmes, qui pourraient bien délivrer quelques secrets sur l’évolution de la vie sur terre.
Envoyés spéciaux au Chili
«Température : 13,6 °C. pH : 7,6. Oxygène dissout : 55,6 %. Salinité : 25 %. Altitude : 4 497 mètres…» Emmitouflée dans une épaisse parka, bonnet enfoncé sur la tête, Laura Eme déchiffre à voix haute les paramètres physico-chimiques qu’une sonde submergée par des vaguelettes enregistre. D’une main raidie par le froid, Ana Gutiérrez consigne les données dans un carnet noirci de chiffres et de croquis.
À leurs pieds s’étirent des immensités d’eau couleur de rouille, des nappes de sels immaculés, sillonnées de rigoles opalescentes et de saumures jaune orangé, le tout ponctué du rose pâle des flamants. L’œil vissé à son réfractomètre, David Moreira vérifie une fois encore le taux de salinité. Pris dans un étau entre un ciel éternellement bleu et les sommets vertigineux de la cordillère des Andes, placés sous l’observation intensive d’une poignée de scientifiques, le salar de Pujsa et sa lagune vont devoir livrer tous leurs secrets.
Des êtres invisibles à l’œil nu
Laura…