LA VÉRIFICATION – Depuis le début de la guerre en Ukraine, une maternité, un théâtre et un centre commercial ont notamment été visés par les Russes. Peut-on parler de «crime de guerre», comme l’évoque Kiev ?
Avec ses combats urbains et ses duels d’artillerie, la guerre en Ukraine charrie son cortège de destructions. Des villes entières, comme Marioupol sur les rives de la mer d’Azov, ou plus récemment Sieverodonetsk ou Lisichansk, au cœur du Donbass, ont été largement défigurées par le conflit. Au milieu des centaines voire des milliers d’immeubles et de maisons touchés, certains bâtiments civils détruits ont particulièrement fait l’objet de l’attention politique et médiatique. Ce fut le cas, entre autres, de la maternité ou du théâtre de Marioupol, de la gare de Kramatorsk et plus récemment d’un centre commercial à Krementchouk. À chaque fois, les réactions des deux belligérants sont les mêmes : à Kiev, l’on évoque des crimes de guerre russes ; à Moscou, l’on annonce que tel lieu à vocation civile était occupé par les militaires ukrainiens.
À l’inverse, pour justifier leur «opération militaire spéciale», les Russes eux-mêmes dénoncent depuis le début du conflit les tirs ukrainiens indiscriminés contre la ville de Donetsk, tenue par les séparatistes depuis 2014. La question de la destruction des bâtiments civils se pose en réalité à chaque guerre : la destruction des hôpitaux par l’aviation russe en Syrie a fait les gros titres de la presse internationale pendant des années, tandis qu’en 2003, les États-Unis ont été critiqués pour des frappes meurtrières en Irak, contre l’hôpital de Hilla et l’université de Bagdad notamment, et plus largement pour l’utilisation de bombes à sous-munitions incapables de distinguer entre civils et militaires quand elles sont utilisées dans un contexte urbain.
Qu’est-ce qu’un «objectif militaire» ?
Mais que dit le droit des conflits armés, aussi appelé droit international humanitaire, en la matière ? Qu’est-ce qui est permis et proscris ?…