RÉCIT – Après la mort d’une jeune femme aux mains de la police des mœurs, des manifestants mènent une révolte inédite à travers le pays.
Sur Twitter, la vidéo sort du lot. «Ceci n’est pas une contestation, c’est une révolution!», s’époumonent des grappes d’étudiants, rassemblés dans l’enceinte de l’université Ferdowsi de Mashhad, cité conservatrice du nord-est de l’Iran. Le cri, entendu ces derniers jours dans d’autres facultés, d’autres villes, d’autres quartiers, dit tout le ras-le-bol des Iraniens.
«Quelque chose est en train de se briser. C’est du jamais vu depuis la chute du chah, en 1979. Comme un air de changement, malgré la répression», s’extasie Mojgane, une Téhéranaise de 40 ans, via WhatsApp. Au bout du fil, sa voix frétille. Elle se dit «heureuse», «optimiste». Elle ne veut pas penser à la suite. Pas encore. «Je veux juste savourer ce moment inédit», poursuit-elle, en rapprochant son smartphone de sa fenêtre.
Aujourd’hui, le problème n’est plus seulement le voile obligatoire. Le problème, c’est le système politico-religieux dans son intégralité
Mehdi, étudiant à Tabriz
Au loin, l’écho des «Marg bar dictator!» («À bas le dictateur!»), en référence au guide suprême, l’ayatollah Khamenei, résonne comme un refrain nocturne. «Vous entendez? Chaque soir, tous les voisins répètent…