Culture

Ennio, Peter Von Kant, After Yang… Les films à voir ou à éviter cette semaine


Un documentaire inédit sur Ennio Morricone, une relecture très personnelle d’un film de Fassbinder par François Ozon, un androïde baby-sitter doté d’une âme. Que faut-il voir cette semaine ? Découvrez la sélection cinéma du Figaro.

Ennio À voir

Documentaire de Giuseppe Tornatore, 2h36

Ce documentaire inédit de Giuseppe Tornatore retrace la carrière hors norme du génie de la musique de film. Célébré et reconnu de son vivant, Morricone, compositeur prolifique (500 bandes originales en un demi-siècle), disparu il y a tout juste deux ans, se voit canonisé par le film. Le film dévoile quelques-unes des audaces qu’il a fait passer dans des chansons apparemment inoffensives. D’une contrainte commerciale, il aura fait un art. Et ce au grand dam de ses maîtres de musique comme de ses contemporains, en recherche d’une respectabilité plus «noble». Ennio Morricone parle très bien de sa musique, de sa méthode de travail et de ses concepts de déconstruction de l’harmonie. Film fleuve, Ennio souffre de quelques longueurs à la fin, notamment un concert de louanges un peu mièvres dont on se serait passé. L’écoute de la musique a depuis longtemps suffi à nous convaincre du génie de cet artiste prodigieux. O.N.

Les Minions 2 : il était une fois Gru – À voir

Animation de Kyle Balda, Brad Ableson, Jonathan Del Val,
1 h 28

D’abord imaginés comme simples virgules comiques pour humaniser Gru, l’attachant antihéros de Moi, moche et méchant sorti en 2010, les Minions ont rondement volé la vedette à leur maître. Le jeune Gru a maintenant 12 ans et ne rêve que d’une chose : devenir un super-méchant à l’image de ses idoles du moment, les machiavéliques Vicious Six. Will Karnage en est le chef incontesté. Alors qu’il vient de subtiliser une amulette aux terrifiants pouvoirs magiques, cachée au fin fond de la jungle équatoriale, ses collègues le trahissent et embarquent le précieux butin. Comme le gang s’est fait un nom sur l’appellation des Vicious Six, il devient urgent de recruter un nouveau membre pour tenir sa réputation. Concentré sur 1 h 20, ce petit bijou de slapstick signé Kyle Balda joue à fond la carte de l’action non-stop, saupoudré d’un humour subversif et référentiel, qui pétarade comme le bouquet final d’un joyeux feu d’artifice. O.D.

After Yang – À voir

Science-fiction de Kogonada, 1h36

Jake (Colin Farrell ) et Kyra ont adopté une fillette chinoise. Pour qu’elle ne soit pas trop dépaysée, ils lui ont offert un androïde qui connaît un tas de détails sur la Chine. Mika considère Yang comme son frère (les mauvaises langues diront Big Brother). Il cite Lao-tseu, collectionne les papillons, lui explique ce qu’est un arbre généalogique, prend la famille en photo. Le majordome ­mécanique est discret, serein, presque trop parfait. Yang comble les failles, dispense à l’adolescente l’affection que ses parents négligent de lui donner. Il y aura un problème. La machine se dérègle. Yang tombe en panne. Kogonada travaille la forme, peaufine le cadre, soigne les décors. Il s’agit de haute ­précision. Avec ce récit, il signe un film émouvant et soigné. É.N.

Peter von Kant – On peut voir

Drame de François Ozon, 1h25

François Ozon rend hommage à Fassbinder en proposant une relecture très personnelle de son film sorti en 1972, Les Larmes amères de Petra vont Kant. Petra, la créatrice de mode, devient Peter, réalisateur homosexuel, narcissique et névrosé. Gilet de cuir noir sur chemise rouge, Denis Ménochet, déjà excellent dans Grâce à Dieu, prouve qu’il n’est jamais aussi bon que chez Ozon, avec ou sans moustache. Dans son loft aux murs laqués rouge, entre deux verres de gin tonic, il passe son temps à humilier Karl, assistant mutique et docile. Amir (Khalil Gharbia) devient le nouvel amant/acteur de Peter. Peter, Pygmalion possessif, finira très malheureux. Peter vont Kant est un autoportrait de l’artiste en drama queen. Il ne faut pas le prendre trop au sérieux. É.S.

Crescendo– À éviter

Drame de Dror Zahavi, 1h42

En 1999, Daniel Baremboim fondait un orchestre rassemblant musiciens israéliens et arabes. Le film s’inspire de cette belle initiative. Plutôt, la caricature. La réalisation manque de doigté. Les personnages tombent dans l’excès dès qu’ils évoquent le conflit israélo-palestinien. Seul le maestro, incarné par l’acteur de Toni Erdmann, Peter Simonischek, s’en sort plutôt bien. B.P.

L’Esprit sacré – À éviter

Drame de Chema Garcia Ibarra, 1h37

À Elche, village espagnol perdu dans le désert, les passionnés du club ufologique sont bouleversés : leur maître Julio est mort. Entretemps, des petites filles disparaissent… Avec son intrigue faussement fantastique et sa troupe d’acteurs non professionnels, le cinéaste nous mène en bateau. Las, l’étrangeté du propos, noyée de banalité finit par lasser. L’atterrissage brutal dans une sordide réalité tombe à plat. Dommage… O.D.



Source link

Related posts

Disiz, Orelsan, Nekfeu, Ninho: le rap full sentimental

prconcept

La comédie musicale Diana et Space Jam 2 désignés pires films de l’année aux Razzie Awards

prconcept

l’ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez en garde à vue

prconcept

Laisser un Commentaire