Culture

Le Fanfaron, Gassman et Trintignant jusqu’au bout de la route


Le chef-d’œuvre de Dino Risi, road-movie avant la lettre, jette un regard à la fois amusé et acerbe sur les mœurs italiennes durant le boom économique de l’après-guerre. Il est téléchargeable sur les plateformes Orange ou Canal VOD.

Deux hommes foncent à tombeau ouvert dans une Lancia Aurelia sur une route italienne. Nous sommes au début des années 60. Vittorio Gassman, l’exubérant, conduit vite, très vite. L’autre, c’est Jean-Louis Trintignant, un étudiant introverti, qui ne déteste pas au fond ce voyage au bout de la vie… Avec ce duo et cette trame, Dino Risi, maître incontesté de la comédie italienne, nous offre son chef-d’œuvre, Le Fanfaron – Il sorpasso dans la langue de Dante.

Un 15 août, dans une Rome déserte, Bruno Cortina (Vittorio Gassman) erre dans la ville au volant de son bolide en quête de cigarettes. Le hasard de sa rencontre avec Roberto Mariani (Jean-Louis Trintignant), un étudiant en droit qui s’interdit d’aller à la plage pour mieux préparer ses examens, sert de prémices à la naissance d’une amitié spontanée entre deux êtres dont les tempéraments semblent aux antipodes. Attiré, presque malgré lui, par la personnalité solaire de Gassman, Trintignant accepte de monter dans sa Lancia Aurelia. Sur les routes de l’Italie, dans un voyage qui ne mène nulle part, sauf dans un passé gênant qui révèle les failles de Bruno, un destin va s’accomplir.

Avec ce formidable duo d’acteurs Dino Risi dépeint, comme il sait si bien le faire sur un ton de tragi-comédie, les travers de la virilité latine. Le jeu d’une impeccable outrance de Vittorio Gassman, espèce de Jack Nicholson romain, la mélancolie existentielle en sus, est son atout maître. Face à la parfaite sobriété de Jean-Louis Trintignant qui campe un personnage mesuré et sage, plus mûr bien qu’il soit de vingt ans le cadet de son diable de Pygmalion, la veulerie majestueuse, mélange de séductions vaines et de bassesses du «Fanfaron Gassman», est d’autant plus mis en lumière.

Jean-Louis Trintignant, formidable de sobriété, avec Vittorio Gassman, formidable d’exubérance, dans Le Fanfaron Leemage

Les klaxons du bolide

Le périple en voiture des deux compères est scandé à chaque étape par des coups de klaxons tonitruants. Ils sont la marque de la vitesse, de la folie de Bruno qui semble ainsi s’étourdir. Roberto, finit par s’amuser, de voir son vibrion vivre la vie comme un carpe diem. Des visites impromptues à des oncles et tantes vont vite le dessiller. De faux-semblants en véritable abandon (Bruno ne s’occupe pas de sa propre fille) la légèreté de ce fanfaron lui apparaît. Sans pourtant, et c’est là le génie de ce voyage italien, le pousser à le laisser au bord du chemin. Pour suivre son destin.

Dans ce qu’il faut bien appeler une satire, Dino Risi, sans y toucher, aura réussi à dénoncer ou plutôt à montrer du doigt, les grandeurs et les petitesses de l’âme italienne: veulerie et courage, charme indicible et basse vulgarité, modernité et désuétude.

Les plateformes d’Orange ou de Canal VOD vous permettent de voir ou revoir Le Fanfaron. Et, en guise d’amuse-bouche, la bande-annonce du film.

Le Fanfaron (Il sorpasso) de Dino Risi, en 1962, avec Vittorio Gassman, Jean-Louis Trintignant, Catherine Spaak…

https://www.youtube.com/watch?v=watch



Source link

Related posts

Des dessins de la Rafle du Vel d’Hiv par Cabu sortis de l’oubli

prconcept

À la galerie Kugel, la reconstitution magique du salon vert de l’Hôtel D’Ourrouer d’Hubert de Givenchy.

prconcept

La cérémonie des Molières 2022 ratissent large

prconcept

Laisser un Commentaire