Culture

Le parlement des Pays-Bas veut s’assurer qu’il n’expose aucune œuvre pillée par les nazis


Le gouvernement néerlandais s’était engagé à renforcer le contrôle des objets d’art arrivés dans les collections publiques au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

C’était à première vue un tableau comme un autre de Hendrik Willem Mesdag (1831-1915). La marine du peintre accrochée pendant des décennies dans le bureau de la présidence de la Tweede Kamer, la chambre basse du Parlement néerlandais, a longtemps charmé les députés et les visiteurs du soir de son chapelet de petits bateaux de pêche saisis entre une plage à l’écume mousseuse et la grisaille du ciel. Jusqu’au mois dernier. De provenance incertaine, il pourrait s’agir d’un bien pillé par les nazis, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Tombée fin mai dans l’œil des inspecteurs de l’Agence du patrimoine culturel des Pays-Bas, la peinture à l’origine douteuse a aussitôt été signalée. «Il en va de ma responsabilité morale de coopérer dans ce domaine», a déclaré la présidente de la Tweede Kamer, Vera Bergkamp, citée par RTL Nieuws, le 23 mai. Le tableau a été sur le champ décroché de son bureau de La Haye tandis que les experts néerlandais continuent d’examiner les différentes œuvres d’art exposées dans les galeries, les chambres et les bureaux du Parlement des Pays-Bas.

Chasse aux œuvres chassées de leurs collections

La scène marine peinte par Hendrik Willem Mesdag a promptement été remplacée par une autre peinture, «également charmante», selon les mots de Vera Bergkamp. La nouvelle toile pourrait assurer un long interrègne. Les spécialistes néerlandais prendront le temps qu’il faut pour percer la provenance du tableau marin avant de le ramener à bon port, au Parlement ou chez les descendants de propriétaires spoliés. Ce vaste travail d’inspection générale des collections publiques néerlandaises avait été annoncé en juin 2021.

L’Agence du patrimoine culturel des Pays-Bas passe particulièrement en revue les œuvres du Kunstbezit, un fonds qui conserve quelque 3500 objets d’art spoliés ou vendus à l’époque de l’occupation allemande, entre 1940 et 1945. Arrachées à leurs propriétaires juifs par les nazis, ces œuvres ont été restituées après la guerre aux autorités néerlandaises, dans l’idée de les rendre à leur famille d’origine ou à leurs héritiers. Mais ce processus, lent et incomplet, est resté inachevé, laissant ainsi des milliers d’œuvres entre les mains de l’État, placées en dépôt et exposées, notamment au Parlement et dans des ambassades.

Les progrès techniques permettent aujourd’hui de procéder à un réexamen approfondi de cette collection déjà examinée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Une des dernières restitutions concerne deux tableaux d’une valeur de moins de 500 euros. Ils ont été rendus le mois dernier à une famille juive qui en avait été dépossédée, il y a près de 80 ans. À Paris, un projet de loi visant à sortir des collections françaises quinze œuvres, dont des tableaux de Gustav Klimt et Marc Chagall, a été adopté en février, avant restitution. L’idée d’une loi-cadre facilitant ces retours d’œuvre «dans la durée», avait été évoquée par le président Emmanuel Macron en octobre 2021.



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