REPORTAGE – Les habitants qui n’ont pas fui sont plus inquiets de la crise économique que des combats qui se rapprochent.
Envoyé spécial à Kramatorsk et Sloviansk
Lyssytchansk, verrou stratégique du Donbass, est tombée dimanche aux mains des forces russes, infligeant un revers militaire à l’Ukraine et offrant une victoire politique à Vladimir Poutine. Dans quelques semaines, Sloviansk et Kramatorsk, plus à l’ouest, pourraient connaître le même sort. Mais pour les irréductibles habitants qui n’ont pas fui ces deux villes – abritant 260.000 personnes avant-guerre – la nouvelle est passée quasiment inaperçue.
Lundi, le canon tonne d’une manière intermittente. Surtout, le 4 juillet, c’est jour de pension pour les nombreux retraités formant le noyau dur de la population. À 13 heures, le bureau de poste de Sloviansk est bondé et Lena, 62 ans, attend depuis cinq heures au guichet qu’un employé lui remette en liquide la somme de 2500 hryvnas (70 euros), fruit mensuel de quarante ans de labeur chez un artisan peintre. «Oh mon Dieu, s’il n’y avait pas la guerre et ces prix qui grimpent en flèche, tout irait bien, mais…