REPORTAGE – Les frappes se multiplient autour du site de Zaporijjia, où les Russes sont accusés d’avoir abrité leur artillerie.
Envoyé spécial à Nikopol et Marhanets
Il manque un gros morceau à l’immeuble. La roquette qui l’a frappé, au beau milieu de la nuit de mercredi à jeudi, a arraché le toit et effondré les trois derniers étages. Une pluie de briques a plumé les arbres alentour. On a sauvé deux femmes des décombres. Un vieillard, ancien fondeur et communiste dans l’âme, ne s’en est pas sorti. «Pourquoi faire ça? Pourquoi tuer des personnes âgées dans leur lit?», se lamente Anna Sidilova, la gérante du bâtiment, frottant son visage l’air atterré. Au premier étage encore à peu près debout, un vieux couple refuse de partir. «J’essaie de leur faire entendre raison», dit-elle
La scène se répète, régulièrement sinistre, dans tout Nikopol, cette petite ville sur les rives du Dniepr. Dans la rue des Patriotes d’Ukraine, deux «khrouchtchevka», ces tristes immeubles soviétiques invariablement laids et grisâtres, sont trouées, et les trottoirs jonchés de débris que trois jeunes femmes s’emploient à faire disparaître, balai…