Culture

les premiers débats politiques à la télé, des moments d’histoire


Les joutes politiques télévisuelles ont commencé en 1954. Madelen présente ces pépites, comme le duel Chirac-Marchais, dans ses archives.

C’était le temps où les débats ne faisaient pas encore partie du quotidien des chaînes de télévision, celui des grandes idées plutôt que des petites phrases. Les propos volaient souvent très haut entre des protagonistes, résolument courtois. Ils développaient leurs théories en veillant soigneusement à ne pas se lancer des noms d’oiseaux à la figure.

L’histoire du débat sur nos petits écrans débute avec Face à l’opinion, animé par Pierre Corval. Plume de la Résistance, auteur, entre 1942 et 1944, de la plupart des articles du Bulletin de la France Combattante, ce journaliste a présenté, de 1954 à 1956, un rendez-vous politique diffusé juste après le Journal Télévisé. Le principe était simple mais novateur : un homme politique répond aux questions du présentateur, mais aussi à celles de français anonymes. Quand il a proposé cette idée à la direction de la RTF, il a obtenu un feu vert, à condition que les échanges demeurent courtois. Depuis 1947, tout débat avec l’opposition est en effet interdit sur les chaînes nationales. Deux ans plus tard, les propos tenus sur les futures élections législatives ayant déplu à Guy Mollet, le Président du Conseil, le programme a été immédiatement supprimé.

Dans les années 60, le genre n’est pas vraiment d’actualité, en particulier lors de la première élection présidentielle au suffrage universel . En 1966 Jean Farran et Igor Barrère, produisent
Face à face, un rendez-vous politique mensuel qui, au bout de dix numéros est brièvement remplacé par En direct avec.

À Armes égales, ou quand la joute télévisuelle rentre dans les moeurs

Le débat commence à entrer dans les mœurs
avec A Armes égales, une émission mensuelle diffusée sur la première chaîne de télévision entre le 17 février 1970 et le 28 mars 1973. Proposée et présentée par Michel Bassi et Alain Duhamel, ce face-à-face entre deux têtes d’affiche de la politique se veut novateur et particulièrement sophistiqué. L’émission débute par un film de 15 minutes conçu par les invités. Elle se poursuit par des échanges musclés mais polis, avant une confrontation avec un public choisi par la SOFRES. Michel Debré, ancien Premier ministre du général de Gaulle, et Jacques Duclos, ténor du Parti Communiste Français inaugurent la formule autour de «l’idée de patrie». Une semaine plus tard, Valery Giscard d’Estaing, ministre des Finances affronte Jean-Jacques Servan-Schreiber, secrétaire général du Parti Radical, sur le thème, déjà d’actualité, de « l’égalité des chances ». Le 20 septembre 1971, les Français découvrent une « bête de scène » en la personne de Georges Marchais, numéro un du Parti Communiste Français. Face à Jacques Chirac, benjamin des ministres du gouvernement, il montre, pour la première fois, une verve qui va faire le bonheur d’une génération d’imitateurs.

Enfin, le 13 décembre 1971, le débat prévu sur les mœurs de la société française se termine avant d’avoir débuté. Furieux que l’on ait coupé un extrait de son film, Maurice Clavel se lève sans jeter un regard à son adversaire, Jean Royer, maire de Tours. Il quitte le plateau en lançant un «messieurs les censeurs, bonsoir !» qui va entrer dans l’histoire.
La référence des rendez-vous diffusés depuis près de sept décennies, demeure L’heure de vérité . Entre le 20 mai 1982 et le 18 juin 1995, le jeudi soir, puis le dimanche matin, la quasi-totalité des hommes politiques français va répondre aux questions François-Henri de Virieu, Alain Duhamel, Albert du Roy et Jean-Marie Colombani . Précisons, pour la vérité historique que le quatuor s’est inspiré du titre et d’une formule imaginés en 1972 par Michel Péricard. En 1977, ce dernier a choisi de quitter le journalisme pour se lancer dans la politique. Devenir maire puis député c’était sa vérité. Elle est arrivée à son heure.

Georges Marchais dans Cartes sur tables en 1977, archive de l’INA



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