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Muriel Fusi et le Parti animaliste veulent « imposer la cause animale aux gros partis »


Candidate du Parti animaliste pour les élections législatives à Paris, Muriel Fusi consacre l’essentiel de son temps libre à se battre pour la protection des animaux. L’enjeu, pour elle, n’est pas d’être élue mais d’imposer la cause animale comme une thématique majeure.

Législatives 2022
Législatives 2022 © Studio graphique FMM

Le rendez-vous a été avancé d’une heure, samedi 4 juin, en raison des alertes aux orages menaçant Paris. Il est 15 h et Muriel Fusi, candidate du Parti animaliste dans la 13e circonscription parisienne (située dans la partie sud du 15e arrondissement) pour les élections législatives des 12 et 19 juin, retrouve Lionel, Alexis et Jean-Luc, d’autres militants de la cause animale, pour tracter porte de Versailles.

À cet instant, il fait grand bleu et le soleil tape. La petite troupe interpelle les usagers du tramway qui attendent à l’arrêt. Les nuages se font discrets, mais les électeurs potentiels également. Entre touristes étrangers et électeurs peu concernés, la distribution des tracts ne se passe pas comme prévue. Une erreur stratégique qui rappelle que le Parti animaliste reste un jeune parti, créé en 2016 et dépendant de l’énergie de citoyens engagés.

« On est un petit parti, donc on n’a pas les moyens de s’arrêter de travailler ou de salarier des gens pour s’occuper de la communication ou de l’organisation, regrette Muriel Fusi, 42 ans. On fait tout nous-mêmes. Je suis juriste d’entreprise, mais dès que j’ai du temps libre, je le consacre à la cause animale. J’y passe mes soirées, mes week-ends, mes vacances. »

Alexis, Muriel, Lionel et Jean-Luc, militants du Parti animaliste, le 4 juin 2022, à Paris.
Alexis, Muriel, Lionel et Jean-Luc, militants du Parti animaliste, le 4 juin 2022, à Paris. © Romain Brunet, France 24

Décision est prise de se rabattre sur le carrefour très passant des rues de Vaugirard et de la Convention, situé quelques centaines de mètres plus au nord. Sur le trottoir d’en face, David Amiel, le candidat du parti présidentiel dans la même circonscription, est lui aussi présent, sans doute le signe que la chasse aux électeurs devrait être ici bien meilleure.

« J’ai toujours eu à cœur de défendre les animaux et ça ne cessera jamais, raconte la candidate. Mes grands-parents avaient une ferme dans l’Isère, donc j’ai eu la chance d’être au contact de poules, de canards, de lapins. J’ai tout de suite eu la conviction que les animaux n’étaient pas traités comme ils devraient l’être, que leur sensibilité n’était pas prise en compte, qu’ils subissaient des traitements injustes car on les considérait comme des objets. »


Le déclic de l’engagement intervient à ses 30 ans, quand elle découvre sur Internet des vidéos de l’association L214 dénonçant la maltraitance des animaux dans les abattoirs. Muriel Fusi se lance alors dans le militantisme au sein de plusieurs associations, dont L214 et la Fondation Brigitte Bardot.

« Mais j’ai fini par me rendre compte des limites de l’action militante et associative, et je me suis dit qu’il fallait faire plus, en particulier au niveau politique, là où tout se joue. Le Parti animaliste s’est créé à peu près au même moment, donc je l’ai rapidement rejoint. »

« Une préoccupation croissante chez les gens »

Le contexte actuel, marqué par la question du pouvoir d’achat, n’est pas forcément favorable à la cause animale. Il y a aussi de nombreux citoyens qui n’ont pas la tête aux élections législatives et qui refusent d’emblée les tracts tendus sans même regarder de quoi il s’agit. Mais, de temps en temps, certains s’arrêtent.

>> À lire aussi : « Législatives : Stéphane Ravacley, le boulanger militant qui voulait devenir député »

« C’est un sujet important. On mange trop de viande et je suis contre les conditions indignes dans lesquelles on élève les animaux pour les tuer », affirme d’emblée Catherine, 73 ans, électrice de gauche indécise vis-à-vis de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). « Je n’aime pas vraiment Jean-Luc Mélenchon, donc je suis embêtée. Je voterai peut-être pour le Parti animaliste. »

Un peu plus tard, Christine, 59 ans, vient réclamer des tracts. Acquise à la cause, elle explique que c’est sa fille, 22 ans, qui l’a convertie. Comme pour les élections européennes de 2019, elle votera à nouveau Parti animaliste aux législatives.

Opération tractage pour Muriel Fusi, le 4 juin 2022, à Paris.
Opération tractage pour Muriel Fusi, le 4 juin 2022, à Paris. © Romain Brunet, France 24

« On sent vraiment que c’est une préoccupation croissante chez les gens, juge Muriel Fusi. Après les européennes, nous avons eu un afflux d’adhérents et de personnes qui voulaient être candidates. Si bien que nous avons dû faire une sélection. Nous avions 147 candidats aux législatives en 2017. Nous en présentons 421 cette année. »

Selon un sondage Ifop paru en septembre 2021, 84 % des Français jugent la protection des animaux importante et 47 % des Français estimaient alors que les propositions des candidats à l’élection présidentielle sur ce sujet pouvaient influencer leur vote.

« Quand on donne un tract, on plante des graines »

Le Parti animaliste a recueilli 1,17 % des voix aux élections législatives de 2017 et 2,16 % aux européennes deux ans plus tard. « On espère faire mieux en 2022, d’autant que beaucoup d’électeurs ont été frustrés de ne pas pouvoir voter pour nous à la présidentielle », affirme Muriel Fusi. La candidate du parti, Hélène Thouy, n’était pas parvenue à obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter.

>> À lire aussi : « Comprendre les élections législatives françaises en six questions »

Si ces scores ne font pas élire des députés, ils permettent en revanche de faire de la cause animale un sujet dont on parle. « Ce qui importe, ce ne sont pas les candidats. Moi, je ne cherche pas à être célèbre et, d’ailleurs, nos photos ne sont même pas sur nos tracts, souligne Muriel Fusi. Nous nous battons avant tout pour la cause animale et pour imposer cette thématique aux gros partis afin qu’elle soit prise sérieusement en considération. »

Le Parti animaliste milite notamment pour la fin de l’élevage intensif et industriel, la création d’un ministère de la Condition animale, l’interdiction de la chasse, des corridas, des combats de coqs ou encore des delphinariums.

Opération tractage pour Muriel Fusi, du Parti animaliste, le 4 juin 2022 à Paris.
Opération tractage pour Muriel Fusi, du Parti animaliste, le 4 juin 2022 à Paris. © Romain Brunet, France 24

« En fait, quand on donne un tract, on plante des graines, estime la candidate. On espère que les gens le liront une fois assis dans le métro et qu’ils se poseront des questions. Le déclic ne se fait pas forcément tout de suite, il faut parfois un peu de temps. »

La stratégie porte petit à petit ses fruits puisque le sujet était évoqué par la plupart des candidats à la présidentielle. Une loi contre la maltraitance animale a même été adoptée en 2021 par le gouvernement. Des avancées concrètes qui maintiennent la flamme de Muriel Fusi intacte. Il est bientôt 17 h en ce samedi après-midi et la pluie finit par tomber. L’heure de remballer pour les militants du Parti animaliste.





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