Culture

Notre critique de Secret-défense, au château de Rambouillet


CRITIQUE – Ce spectacle immersif retraçant le sommet entre de Gaulle et Eisenhower en 1959 invite le public à être diplomate ou conseiller.

Des gardes républicains sont postés à l’entrée du château de Rambouillet (Yvelines). Sur l’esplanade sont garées des Peugeot 403 et la DS de Charles de Gaulle, surmontées de petits drapeaux aux couleurs de la France. Nous sommes le 3 septembre 1959, en pleine guerre froide. Le président français s’apprête à recevoir son homologue, le général Dwight D. Eisenhower en voyage officiel.

Après Paris s’appelait Lutèce, à l’église Saint-Étienne-du-Mont, place du Panthéon (qui reprendra en février 2023), puis Le Fabuleux Noël, au château de Maintenon (Eure-et-Loir), Charles Mollet, auteur, metteur en scène et fondateur de la société de production Polaris, a investi le château de Rambouillet, où ont notamment séjourné Louis XVI et Marie-Antoinette.

Sa mission : proposer un nouveau spectacle immersif. Secret-défense invite le public à assister à l’arrivée des délégations présidentielles et aux négociations entre de Gaulle et Eisenhower, à suivre la rencontre entre les deux chefs d’État et même à revivre l’appel du 18 juin 1940. «Le Centre des monuments nationaux m’a contacté et a d’abord voulu faire un spectacle sur François Ier, qui est mort au château de Rambouillet», explique Charles Mollet.
Et d’ajouter: «Mais la rencontre entre le général de Gaulle, qui vient juste d’arriver à la tête de la Ve République, et Eisenhower a retenu mon attention. On est à un moment clé. Khrouchtchev doit aller voir Eisenhower à Washington. La France est en train de mettre au point sa bombe nucléaire, de Gaulle va annoncer à Eisenhower qu’il compte organiser un référendum pour l’indépendance de l’Algérie. Les Russes exigent que la France se retire de Berlin. Autant de sujets qui interrogent dans le contexte actuel.»

«Accessible et populaire»

Comme pour les rendez-vous précédents, Polaris fait appel à des bénévoles. Six cent d’entre eux se relaient pour accueillir en grande pompe les amateurs de reconstitutions historiques, toutes les dix minutes environ, de 9 heures à 23 heures. «On vend 1000 billets par jour, on donnera encore ce spectacle dans les quatre ans à venir», affirme Charles Mollet, qui craignait que la période traitée paraisse trop rébarbative. Il a été rassuré par le succès de la première, qui s’est déroulé le 10 juin. « Le spectacle ne dure qu’une heure quinze, les gens sortent bluffés. » Plusieurs salles dont les appartements présidentiels habituellement fermés au public ouvrent leurs portes pour la première fois à des groupes de trente personnes.
Le visiteur a le choix. Il peut être un diplomate: il a alors le privilège d’emprunter une Peugeot du cortège présidentiel. Il peut aussi être un conseiller. Il se rend, lui, à pied au château.

On vend 1000 billets par jour, on donnera encore ce spectacle dans les quatre ans à venir

Charles Mollet, auteur, metteur en scène et fondateur de la société de production Polaris

Le prix du billet, de 17 à 25 euros, dépend du rôle que l’on joue et de l’heure à laquelle on vient. L’entrée est gratuite pour les moins de 6 ans. À l’entrée, les participants sont assaillis par des journalistes. « Cela plaît beaucoup », se félicite le metteur en scène. Six hommes, dont trois sosies, jouent le rôle du général de Gaulle. «On souhaite que la visite soit accessible et populaire. Au fur et à mesure qu’on traverse l’histoire, les gens découvrent les bureaux du contre-espionnage et le service des écoutes. À la fin, ils sont émus et chantent la Marseillaise.» Le 18 juin, le président du Sénat, Gérard Larcher, sera à son tour pressé de questions par une horde de reporters.

Secret-défense, au château de Rambouillet (78), les week-ends, jusqu’au 3 juillet. Rés.: www.secret-defense.fr



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