Culture

Pascal Dusapin: «Dante m’obsède!»


ENTRETIEN – Commande du Festival d’Aix-en-Provence et de l’Opéra de Paris, Il viaggio, Dante, donné en création mondiale, puise dans La Divine Comédie… Un vieux rêve du compositeur

LE FIGARO. – Que représente le Festival d’Aix-en-Provence dans votre itinéraire de compositeur?

Pascal DUSAPIN. – Il m’est revenu l’autre jour comme un flash que mon Trio à cordes n° 1 avait été créé ici en 1980. J’avais 24 ans, et j’étais loin de me douter que je ferais des opéras plus tard. Puis, dès 2005, lorsque Stéphane Lissner, le directeur de l’époque, m’a commandé Passion, il a souhaité m’associer à l’Académie du festival. Il m’a aussi programmé lors du premier concert symphonique au GTP. Ensuite, il y a eu la création de Passion en 2009. En 2019, je suis revenu, juste avant le confinement, pour diriger l’atelier «Opéra en création.» Entre-temps, Pierre Audi m’avait commandé ce nouvel opus.

Pourquoi avoir choisi La Divine Comédie?

Chez moi, les sujets des opéras se tuilent. Ce texte de Dante est une folie qui m’obsède depuis longtemps. Je l’avais cité dans Faustus ou Passion, mais je savais que l’aborder ne pouvait être qu’un long processus. On n’entre pas en Divine Comédie comme ça. Finalement, c’est pendant le travail sur mon dernier opéra, Macbeth Underworld, que l’idée s’est faite jour. J’avais envie d’une histoire qui se termine bien. (Rires.) Quoi qu’il en soit, avec Frédéric Boyer, mon librettiste, la question du voyage s’est imposée d’elle-même. La Divine Comédie est déjà un voyage en soi. D’où l’idée de convoquer plusieurs Dante, de le prendre à des âges différents, pour montrer aussi ce voyage intérieur.

Voyage qui résonnait avec l’actualité…

Le confinement n’a fait que renforcer la dimension particulière, métaphysique et spirituelle de ce voyage. D’autant qu’on a travaillé sur un nombre incalculable de possibilités. On est vraiment rentré dans la forêt obscure pendant l’écriture, car le livret lui-même s’est constitué au fur et à mesure de la composition. Même chose pour la mise en scène. Claus Guth, avec qui j’avais travaillé, a accepté de cheminer avec nous et de commencer le travail alors que nous n’avions que trois tableaux prêts. C’est la première fois que je voyais la scénographie avant d’avoir terminé l’opéra.

Qu’a de particulier la langue de Dante?

J’avais déjà écrit deux opéras en italien, Perela et Passion. Dante est celui qui invente la langue vulgaire toscane. Je savais donc que le traitement musical du texte devait être prédominant. Par hasard, il se trouve que la mezzo Christel Loetzsch, qui était déjà sur Macbeth et chante le jeune Dante, a un doctorat en italien. C’est une spécialiste de Pétrarque et Dante. Elle m’a aidé à faire en sorte que la musique, le rythme, les accents épousent au plus près la langue de Dante!



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