RÉCIT – Poignardé ce vendredi lors d’une conférence aux États-Unis, l’écrivain était visé par une fatwa de l’imam Khomeini depuis 1989.
Correspondante à Istanbul
L’imam Khomeini en avait fait sa bête noire. Un hérétique à abattre à tout prix. Depuis ce fameux 14 février 1989, lorsque le guide suprême de la révolution islamique iranienne appela «tous les musulmans zélés du monde à exécuter rapidement, où qu’ils se trouvent»Salman Rushdie et ses éditeurs, l’écrivain britannique d’origine indienne se savait en danger. En cause: son ouvrage, Les Versets sataniques, publié quelques mois plus tôt et accusé de ridiculiser le Coran et le prophète Mahomet.
À l’époque, la colère gronde déjà dans le monde musulman. À peine le livre sorti en Angleterre en septembre 1988, le premier ministre indien Rajiv Ghandi interdit sa diffusion, espérant récupérer des voix musulmanes pour les législatives à venir. Une vingtaine de pays emboîtent le pas. Partout, des manifestations s’organisent. À Bradford, au nord de l’Angleterre, des exemplaires sont brûlés sur une place publique, contraignant l’éditeur britannique à retirer le texte de la vente…