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Vivre au Canada, un rêve français


DÉCRYPTAGE – Depuis plusieurs années, le pays à la feuille d’érable attire les Français en quête de renouveau, d’une meilleure qualité de vie et de grands espaces – une envie encore plus forte depuis la pandémie. Mais si le Canada a besoin des immigrants, n’y entre pas qui veut…


Cet article est extrait du Figaro spécial «D’Est en Ouest – Vivre au Canada pourquoi pas vous ?». Ce numéro vous propose de répondre le plus simplement possible aux questions que vous vous posez. Cela, à grand renfort de textes pratiques, de cartes et de témoignages de Français installés au Canada.


Difficile de faire mieux : en 2021, le Canada a décroché le titre ultime de « meilleur pays du monde », coiffant au poteau le Japon, l’Allemagne et la Suisse. L’étude, réalisée dans 78 pays et auprès de 17.000 personnes par le magazine américain U.S. News & World Report, croise différents paramètres (perspectives de croissance économique, possibilités d’entrepreneuriat, influence culturelle, agilité…) Le Canada, en plus de se classer numéro un dans le palmarès global, a aussi fini en tête dans les catégories « qualité de vie » et « objectifs sociaux » (prise en compte des droits humains, des questions environnementales, de l’égalité des genres, de la liberté religieuse, etc.)

Voilà de quoi conforter encore davantage les Français dans leur rêve d’expatriation ! Car le pays à la feuille d’érable, qui est également réputé pour ses grands espaces et ses paysages de carte postale,est devenu une destination de choix pour tous ceux qui souhaitent vivre à l’étranger. Quelque 100.000 Français y sont déjà installés* et, d’année en année, le Canada attire comme un aimant aussi bien jeunes que moins jeunes, familles que célibataires, salariés qu’entrepreneurs. En 2021, le Canada a ainsi délivré 20.165 permis d’études à des Français (contre 11.860 en 2015) et admis 12.685 résidents permanents de nationalité française (contre 5 850 en 2015). L’an dernier, l’Hexagone a été le cinquième pays-source d’immigration dans le pays (derrière l’Inde, la Chine, les Philippines et le Nigeria).

Les liens historiques entre nos deux pays ne sont pas pour rien dans ces mouvements migratoires. « La France est une Nation co-fondatrice du Canada, avec les Britanniques et les peuples autochtones, rappelle Benjamin Boutin, directeur de l’association France-Canada. Et, malgré les siècles, le pays a toujours l’image d’un nouveau monde à construire, d’une contrée d’opportunités et de libertés. Qui plus est, les nombreux échanges politiques, économiques et culturels qui existent entre les deux rives de l’Atlantique contribuent, eux aussi, au pouvoir d’attraction du Canada. »

Certes, les mois de crise sanitaire (et de fermeture des frontières) n’ont pas été franchement propices à la mobilité. Mais les envies d’ailleurs, elles, n’ont pas connu de coup d’arrêt, bien au contraire. « Nous avons remarqué un engouement pour le Canada pendant la pandémie, confirme Sophie Auger, gestionnaire du programme de migration à l’Ambassade du Canada en France. Nous avons organisé deux éditions virtuelles du forum mobilité  »Destination Canada » en 2021 : celle de février a comptabilisé 30.000 demandes d’inscriptions et celle de novembre, 178.000 ! » « Avec les confinements, nous avons eu le temps de cogiter, de définir nos priorités, de voir si nous voulions continuer à suivre une ligne toute tracée ou pas », témoignent Michael et Céline Rojas qui, malgré « une situation confortable en France », ont décidé de se réinventer en quittant Aix-les-Bains (Savoie) pour Edmundston (Nouveau-Brunswick). Pour le couple de trentenaires et leur petite fille de 8 ans, tout s’est fait très vite : grâce à un ami déjà installé au Canada, Michael déniche, à distance, un emploi de chef cuisinier dans un casino. En trois mois, la famille plie bagage et, depuis octobre 2021, savoure un quotidien beaucoup plus « serein ». « J’adorais mon travail et mon entreprise, mais il y avait un stress permanent, raconte Michael. Ici, le rythme est plus apaisé – d’ailleurs, quand on a trois jours off, on a l’impression d’être en vacances ! » Pour Céline, qui est coiffeuse, la « bienveillance », le « civisme » et la « positivité » des Canadiens font toute la différence. « Au salon, ils ne trépignent pas quand on a cinq minutes de retard – ils nous disent même de prendre notre temps, ce qui peut être un peu déroutant », sourit cette amoureuse du froid, qui a facilement retrouvé un poste sur place.

Famille Rojas. PRESSE

Car, si le Canada séduit à ce point les aspirants au renouveau, c’est aussi en raison de son marché du travail dynamique. Vieillissement de la population oblige (d’ici 2025, 20% de la population aura 65 ans et plus), le pays connaît, depuis plusieurs années, une importante pénurie de main d’œuvre, encore accentuée par la crise du Covid. En août 2021, Statistique Canada dénombrait 871.600 postes vacants (dont 219.000 au Québec). Certains secteurs sont particulièrement en tension comme la restauration, la santé, la construction ou encore le commerce. Pour combler ses besoins, le pays a prévu d’accueillir 431 645 résidents permanents en 2022, 447.055 en 2023 et 451.000 en 2024 (soit un total de 1,33 million d’immigrants d’ici 2024). « Dans un contexte post-pandémie, l’immigration est vue comme un outil essentiel pour la reprise économique, souligne Sophie Auger. Les Français représentent un public intéressant car ce sont des gens qui voyagent, ouverts au monde et francophones. Nous avons d’ailleurs de nombreuses communautés francophones à travers le Canada – pas seulement au Québec – et celles-ci ont aussi des besoins en personnel, que ce soit au niveau des écoles, de l’offre de santé ou des services culturels. »

Attention toutefois : si le pays à la feuille d’érable recrute activement des nouveaux arrivants, n’entre pas qui veut sur le territoire. Le Canada pratique une immigration choisie et sélectionne les candidats suivant plusieurs critères (âge, études, expérience de travail, compétences en anglais et en français…) Pour les autorités, ce processus est aussi la garantie d’une intégration réussie. Car méfiance ! Si l’herbe peut sembler plus verte outre-Atlantique, l’expatriation reste un challenge et, chaque année, des Français rentrent, déçus de leur expérience. Pour éviter les déconvenues, « il faut y aller avec une certaine humilité et le désir de contribuer à une société différente de la nôtre », prévient Benjamin Boutin, qui déplore que le Canada soit « un pays attractif mais qu’on connaît assez peu ».

*L’inscription sur les registres consulaires n’étant pas obligatoire, il est difficile de connaître précisément le nombre de Français vivant au Canada

Le Canada d’Est en Ouest Le Figaro

«D’Est en Ouest – Vivre au Canada pourquoi pas vous ?» , 8,90€, disponible en kiosque et sur le Figaro Store .

D’Est en Ouest – Vivre au Canada pourquoi pas vous ? Le Figaro



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