REPORTAGE – Sortis par miracle de la ville en ruine après trois semaines de bombardements, ils racontent la faim la peur et la mort.
Envoyé spécial à Zaporijjia
Les naufragés de Marioupol ont le visage défait par la fatigue et la peur. Après trois semaines d’un siège impitoyable, ils rentrent la tête dans les épaules pour se protéger du vent glacial qui balaie le parking où s’achève leur calvaire. Deux jours, parfois trois: c’est le temps qu’il leur a fallu pour rejoindre Zaporijjia via le corridor humanitaire aménagé à travers le front russo-ukrainien. En temps normal, ce trajet prend moins de trois heures. Leurs voitures, ornées d’un ruban blanc au rétroviseur et rangées en file indienne en attendant d’être fouillées par la police ukrainienne, sont aussi éprouvées qu’eux. L’une a la vitre arrière fracassée, d’autres sont cabossées par des impacts de balles ou des éclats d’obus. Sur les pare-brise, le même morceau de papier blanc sur lequel des mains inquiètes ont inscrit en russe, précaution dérisoire, le mot «Enfants».
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