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Le Festival de Cannes ravive les douloureux souvenirs des attentats du 13-Novembre


Sept ans après les attentats du 13-Novembre, le Festival de Cannes revient sur cette période tragique à travers deux films, « Novembre » et « Revoir Paris », qui retracent la traque des terroristes et le difficile chemin des victimes pour dépasser le traumatisme. Deux facettes d’une même histoire, qui explorent avec minutie les conséquences des pires attaques terroristes jamais commises sur le sol français.  

À mi-parcours du Festival de Cannes 2022, de douloureux souvenirs ressurgissent sur la Croisette avec la projection de deux long métrages événements sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

« Novembre », thriller haletant de Cédric Jimenez, retrace l’enquête frénétique qui a permis de neutraliser en cinq jours Abdelhamid Abaoud, le coordinateur des attaques du Stade de France, des terrasses et du Bataclan, qui ont fait 130 morts et 413 blessés.

Le film « Revoir Paris », de la réalisatrice Alice Winocour, étudie quant à lui le traumatisme des victimes, à travers les parcours croisés d’une galerie de personnages qui échangent entre eux pour tenter de guérir et de tourner la page.

Bien que très différents dans le fond comme dans la forme, ces récits sont les deux faces d’une même pièce. Des histoires profondes et complémentaires, qui explorent avec brio les conséquences immédiates des attentats les plus meurtriers jamais orchestrés sur le sol français.

À la recherche des coupables… et de la guérison

« Nous avons traversé en cinq jours une tempête inimaginable ». Cette phrase, prononcée devant ses équipes par Fred, le commissaire antiterroriste de « Novembre », incarné par Jean Dujardin, résume à merveille la trame du dernier film de Cédric Jimenez. Il y décrit avec précision la mise en branle de la machine policière et la coordination entre les différents services, avec au centre du jeu la sous-direction antiterroriste (SDAT), chargée de traquer sans relâche les auteurs de l’attaque.

Une course contre la montre haletante, servie par un montage nerveux. « Je voulais que le spectateur ressente aussi cette fatigue. Qu’il la vive avec les personnages. D’où ce côté ultra rythmé. Comme lors d’un match de boxe où on est un peu dans les cordes. Le souffle devient court mais il faut continuer et ne pas lâcher ».

Face aux enjeux colossaux de l’enquête, les policiers de « Novembre » n’accordent aucune place à la sidération. Tout l’inverse de Mia, le personnage de « Retour à Paris », incarné par Virginie Efira, qui erre comme un fantôme avec le sentiment d’être « devenue une sorte d’attraction » pour ses proches.

Au mauvais endroit au mauvais moment, la jeune femme a vu sa vie basculer en quelques secondes dans la peur, la violence et l’effroi. Traumatisée, dans l’incapacité de reprendre une vie normale, elle se lance, elle aussi, dans une enquête pour retracer le fil de sa soirée cauchemardesque. Elle découvre alors un nouveau monde, celui des rescapés qui se cherchent et se réunissent pour conjurer le sort. Car pour ces êtres qui se sentent subitement en marge, retrouver les survivants, c’est retrouver ses semblables.

Image du film "Revoir Paris" présenté dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs au 75e Festival de Cannes.
Image du film « Revoir Paris » présenté dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs au 75e Festival de Cannes. © Quinzaine des réalisateurs / Festival de Cannes

Témoigner et se retrouver

Inspiré de faits réels, le scénario de « Revoir Paris » est intimement lié à l’histoire personnelle de sa réalisatrice. « Mon frère était au Bataclan, il a survécu, j’étais en lien par sms avec lui une partie de la nuit », explique Alice Winocour, très émue après la première de son film. « J’ai eu accès au monde des survivants grâce à mon frère et j’ai essayé d’être aussi fidèle que possible à leurs témoignages ».

Son long-métrage décrypte les mécanismes du traumatisme après l’attaque à travers une galerie de personnages qui éprouvent le besoin de se rassembler et d’échanger, que ce soit sur les lieux même de l’attaque ou au travers de groupes internet.

« Sur les forums, tout le monde se cherchait, certains s’étaient tenus la main, d’autres juste échangé un regard… J’ai découvert une communauté extrêmement soudée avec cette idée qu’on ne peut se reconstruire qu’en collectif. J’ai trouvé ça très émouvant, ce traumatisme qui fait sortir de la prison des individualismes. De là m’est venue l’idée d’un film choral mélangeant des parcours qui ne se seraient pas croisés autrement », précise-t-elle.

Mia n’a que des bribes de souvenirs et veut retrouver la mémoire pour dépasser le traumatisme. À l’inverse, Thomas, incarné par Benoît Magimel, se souvient trop, de tout, jusque dans les moindres détails. Tous deux partagent néanmoins le même sentiment de culpabilité vis-à-vis des personnes moins chanceuses, décédées ce soir-là.


Bien que cette thématique ne constitue pas le cœur de son sujet, le film « Novembre » explore lui aussi les témoignages des survivants et la question de la culpabilité lors d’une séquence poignante tournée dans les hôpitaux.

Interrogée par les enquêteurs, une jeune femme explique, la voix tremblotante, qu’elle a échappé par deux fois à la mort car l’arme du terroriste ne fonctionnait pas. « Je ne sais pas pourquoi je suis toujours en vie ! », ponctue-t-elle en sanglots. Un autre survivant explique, marqué à vie par le regard de l’un des attaquants : « C’est comme s’ils ne regardaient rien. Tous ces gens qu’ils venaient de tuer, ce n’était rien ».

Mémoire traumatique et effet tunnel

Certains rescapés ont du mal à se souvenir des événements mais gardent en tête des images très précises. Des éléments qui peuvent se révéler déterminants pour la police, comme le rappelle le film de Cédric Jimenez. Car c’est le témoignage d’une victime, décrivant des baskets orange fluo, qui a permis de mettre les enquêteurs sur la piste d’Abdelhamid Abaaoud, alors qu’ils le croyaient mort en Syrie.

Mia, le personnage de « Revoir Paris », a elle aussi des impressions qui la hantent. Une sensation de gouttes d’eau sur sa main et l’image d’un tatouage vont se révéler déterminants dans sa quête personnelle.

« C’est un film sur la mémoire, elle était au cœur de toutes les décisions, d’où l’utilisation de nombreux flashbacks. Il ne s’agit pas de flashbacks de cinéma mais d’une notion de psychologie, la mémoire traumatique involontaire », souligne la réalisatrice, en référence aux troubles de la mémoire provoqués, chez certaines personnes, par un événement extrêmement stressant.

Tout comme Alice Winocour, Cédric Jimenez met en scène des personnages en proie à de dures épreuves psychologiques, parfois au bord de la rupture. « J’ai voulu recréer ce que m’avaient raconté les membres de la brigade antiterroriste. Ils parlent d »effet tunnel’, je trouve le terme très parlant et j’ai voulu le restituer à l’image. Le fait qu’ils rentrent chez eux et qu’ils n’aient aucune intimité avec leur famille me paraissait important pour raconter cela. Car c’est vraiment ce qu’ils ont vécu 24 h sur 24 sans interruption. Ils ont mis tout de côté, même leur ressenti ».

En plus d’aborder la même période, « Novembre » et « Revoir Paris » ont pour particularité d’éclipser le déroulement des attaques, qui ne constituent ici qu’un point de départ. Si les films de Cédric Jimenez et Alice Winocour creusent des angles bien distincts, tous deux prennent le parti d’explorer les réactions d’une société face à une tragédie d’une ampleur jusqu’alors inimaginable.



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