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inquiétude croissante autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia


LE POINT SUR LA SITUATION – Depuis une semaine le site de la plus grande centrale nucléaire d’Europe est victime de bombardements. Russes et Ukrainiens s’accusent mutuellement.

L’humanité joue-t-elle avec un pistolet chargé comme l’a affirmé le maire de Nagasaki début août ? Depuis une semaine, Ukrainiens et Russes s’accusent mutuellement de bombarder la plus grande centrale nucléaire d’Europe. La communauté internationale s’inquiète et le Conseil de sécurité de l’Onu s’est réuni jeudi en urgence à ce sujet. Où se situe la centrale de Zaporijjia ? De quoi s’accusent exactement l’Ukraine et la Russie ? Et quelles sont les craintes des grandes instances internationales concernées ?

Où se situe la centrale de Zaporijjia ?

La centrale nucléaire est située dans le sud de l’Ukraine, sur les berges du lac artificiel de Kakhovka sur le Dniepr, dans une région sous contrôle russe depuis le début du mois de mars. La centrale de Zaporijjia est une des cinq centrales d’Ukraine. Avec six réacteurs, elle a une puissance électrique nette d’environ 6000 mégawatts (MW) ce qui en fait la centrale nucléaire la plus puissante d’Europe (avant la grande centrale nucléaire de Gravelines dans le nord de la France).

Occupé par les Russes précisément depuis le 4 mars, le site a été bombardé ce jeudi et plusieurs capteurs ont été endommagés près d’un réacteur nucléaire, a affirmé l’opérateur ukrainien Energoatom. «La situation s’aggrave, des substances radioactives sont situées à proximité et plusieurs capteurs de radiation ont été endommagés», a notamment écrit l’opérateur sur le réseau Telegram. Les frappes ont «endommagé la station de pompage des eaux usées. Une fumée importante se dégage à proximité».

À VOIR AUSSI – Zaporijjia: «L’heure est grave», dit le chef de l’AIEA devant l’ONU

Auparavant Energoatom et un responsable prorusse ont évoqué cinq frappes près d’un dépôt de substances radioactives. Les deux sources ont ensuite fait état de cinq autres projectiles tombés près d’une caserne de pompiers située à proximité de la centrale. La semaine dernière, plusieurs bombardements ont aussi visé la centrale sans que l’on puisse savoir avec certitude leur origine. Depuis, Moscou et Kiev se renvoient la balle.

Que reproche la Russie à Kiev ?

Devant le Conseil de sécurité de l’Onu, réuni en urgence à ce sujet à la demande la Russie, l’ambassadeur russe Vassily Nebenzia a accusé l’Ukraine, comme la semaine passée, d’être à l’origine de ces bombardements, en mettant en cause cette fois-ci aussi les alliés de Kiev. «Nous appelons les États soutenant le régime de Kiev à (…) le forcer à mettre un terme une fois pour toutes aux attaques contre la centrale de Zaporijjia», et l’ONU et l’AIEA à dire aux autorités ukrainiennes que leurs actions sont «inacceptables», a-t-il déclaré.

«La véritable échelle d’une catastrophe nucléaire à la centrale est difficile à imaginer. L’entière responsabilité en reviendrait aux soutiens occidentaux de Kiev», a insisté l’ambassadeur russe, qualifiant de «surréalistes», «cyniques et absurdes» les accusations contre Moscou.

La semaine dernière, lors des premiers bombardements, le porte-parole du Kremlin avait déjà condamné ces actions menées «par les forces armées ukrainiennes». Ces bombardements, «potentiellement extrêmement dangereux […] pourraient avoir des conséquences catastrophiques pour une vaste zone, y compris pour le territoire européen», avertissait Dmitri Peskov.

De quoi l’Ukraine accuse Moscou ?

À l’inverse, l’Ukraine accuse la Russie d’être à l’origine de ces bombardements contre le site de la centrale. «Les Russes sont bien connus pour leurs plans élaborés de tromperie, de sabotage et de dissimulation, comme celui que nous voyons aujourd’hui», a justifié l’ambassadeur ukrainien à l’ONU Sergiy Kyslytsya. «Aucun d’entre nous ne peut stopper le vent transportant les radiations, mais ensemble nous pouvons stopper un État terroriste. Et plus vite nous stopperons la Russie, plus vite l’Europe et le monde se sentiront à nouveau en sécurité», a-t-il ajouté.

À VOIR AUSSI – Ukraine: pour Zelensky, «la Russie prend en otage la centrale nucléaire» de Zaporijjia

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a brandi de son côté en début de semaine le spectre de la catastrophe de Tchernobyl en appelant à de nouvelles sanctions contre la Russie, à la suite des frappes contre la centrale occupée par les Russes. «Le monde ne doit pas oublier Tchernobyl et le fait que Zaporijjia est la plus grande centrale d’Europe. La catastrophe de Tchernobyl (en 1986), c’est l’explosion d’un réacteur et la centrale de Zaporijjia est dotée de six réacteurs», a-t-il déclaré lundi soir dans son adresse vidéo quotidienne. «Il faut de nouvelles sanctions contre l’État terroriste et contre toute l’industrie nucléaire russe qui crée la menace de la catastrophe nucléaire», a poursuivi Volodymyr Zelensky.

Les alliés occidentaux de l’Ukraine accusent de leur côté la Russie de «mettre en danger» la région ukrainienne autour de la centrale nucléaire. Le G7, dont les membres soutiennent l’Ukraine, a ainsi exigé à cette occasion que «la Russie rende immédiatement à son propriétaire souverain légitime, l’Ukraine, le contrôle total de la centrale nucléaire de Zaporijjia». «C’est le contrôle continu de la centrale par la Russie qui met la région en danger», assure le groupe dans un communiqué publié jeudi par l’Allemagne qui en assure la présidence, sans préciser en revanche l’origine des bombardements. «Le personnel ukrainien qui exploite la centrale nucléaire de Zaporijjia doit pouvoir s’acquitter de ses fonctions sans subir de menaces ou de pressions», a aussi jugé encore le G7.

Comment réagissent les instances internationales ?

«L’heure est grave», a lancé jeudi le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) devant le Conseil de sécurité de l’ONU, réclamant l’accès à la centrale nucléaire de Zaporijjia. «Le temps presse», a insisté Rafael Grossi, alors que l’AIEA tente depuis des semaines d’envoyer une mission pour inspecter la centrale.

À VOIR AUSSI – Moscou accuse Kiev de bombarder la plus grande centrale d’Europe

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé jeudi à la mise en place d’une zone démilitarisée autour de la centrale afin de permettre une mission d’inspection. «Malheureusement, au lieu d’une désescalade, des incidents encore plus inquiétants ont été rapportés ces derniers jours, incidents qui, s’ils se poursuivent, pourraient conduire à une catastrophe», a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué.

«Il faut être clair, tout dommage subi par Zaporijjia ou tout autre site nucléaire en Ukraine, ou n’importe où ailleurs, pourrait provoquer des conséquences catastrophiques non seulement aux alentours mais pour la région et au-delà. C’est totalement inacceptable», a-t-il insisté.



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